• De la peinture au volume


    Ces expérimentations et croquis sur les ondes ont amené la plasticienne au volume et à la verticalité sous forme de cocons ou de mues.

     

        

    De la peinture au volume

    De la peinture au volume

     

    Agnès Rainjonneau :

    « En faisant cette expérience, j’étais dans l’horizontalité, la durée, le cheminement. Quand Arnaud m’a parlé de sa façon d’interpréter mes toiles en musique ; sous forme de séquences graphiques, j’ai cherché moi aussi cette décomposition.

     Ces instants me ramenaient à une infinité de points qui se lisaient dans la verticalité. Dans le son, il y a une infinité d’instants « T » qui, se juxtaposant, nous plongent dans la linéarité ou la durée.  Ils puisent leur force dans la matière, c’est à dire des quatre éléments : l’eau, la terre, l’air, le feu. Toute forme de création est constituée de ces quatre éléments. 

     Les cocons sont des interprétations en volume des matières sonores. C’est un travail d’alchimiste ; les doses sont très personnelles, un peu de matière, une dose d’énergie, un soupçon de légèreté, une demi-dose de fluidité et la toile ou la naît. Le cinquième élément ou cocon serait la synthèse des quatre premiers dans l’idée de la transformation : la mue ».

     

     

     

       

    Poème de Dominique Forget

       

    COCONS  CELESTES

    Tissage sauvage

    Tresses et nœuds

    La glycine et le lin

    Lianes de la forêt et puis le fer et puis le coton

    Et puis le raphia, la toile et la soie

    Rouge

    Légers morceaux

    Bambous tendus, arqués

    Transparence du tissu, gaze qu’on étire

    Plastiques déchirés, fragments, « récup »

    Technique légère et improvisation, détournements

    Ce qu’on ne voyait plus, ou mal ou presque plus

    Regarder au travers, regarder de travers

    Bricolage patient, têtu, obstiné

    Energie des sensations, surprise qui nous grise

    Nous élève

    Energie concentrée, tirée, nouée

    Peu à peu le cocon prend sa forme

    S’élève

    S’agrandit

    Gonfle

    Cocon géant, cocon de géant

    Géante création

    Patience autour d’un vide prometteur

    Son vide

    Le regard y pénètre

    Découvre, détaille, scrute et passe à travers…

    Fils rouges du sang de nos veines

    Fils d’une pèche invisible, miraculeuse

    Tissage, tressage et nœuds

    Les cocons sont en forme

    Symboles de vie, métamorphoses

    Transformation des formes

    Mutations, recréation

    Rien n’est perdu… tout se recrée, toujours

    Encore et toujours

    Et vivant

    Chrysalide translucide

    Car la nymphe s’échappe, se jette à la rivière, habite les forêts

     

     

    Mue blanche et sang qui pulse

    Résurrection

    La lumière y habite, concentrée

    Energie vibratoire, fréquence vitale

    Les cocons tournent maintenant

    Nous rassurent, nous hypnotisent

    Dessinent l’espace, se dessinent dans l’espace

    Formes du vide

    Célestes porteurs d’avenir, inexorables créateurs

    Les voici !

    Planètes immémoriales…

    Les voici !

    Célébrant la matière, toute matière et toutes les matières

    Et c’est ici

    Et c’est maintenant

    Et la Terre et le feu

    Transparence de l’air, vapeur légère et merveilleux nuages…

    Les cocons si on veut font entendre des sons

    Leurs sons

    Chacun

    Signaux venus du grand Hasard

    Du fin fond de l’espace

    Signaux ténus, fragiles, improbables et vrais

    Mélodie d’inépuisable ressource….

    Cœur qui bat, tinte, peut-être nous appelle

    Mesure aléatoire, imprévisible

    Car ce langage est primordial

    Echolalie de l’Infini

    Sonore

    Vibrations, résurrection

     

    D’étoiles aux confins / l’Univers est en friche…